
Le budget participatif est-il réservé aux grandes villes ?
Membre du programme Petites villes de demain, Saint-Rémy-de-Provence a pu bénéficier d’un abonnement gratuit à notre plateforme de participation citoyenne pour lancer son premier budget participatif.
Marion Leguevaque : chargée du budget participatif de la commune fait le point sur cette première édition, depuis le point de vue de l’intérieur d’une collectivité de moins de 10 000 habitants.
Combien êtes-vous pour gérer le budget participatif ?
Je suis seule à gérer en terme de pilotage.
Je suis donc la réalisation des projets de la première édition, tout en gérant la deuxième (voire préparant la troisième !).
Comment les services ont-ils perçu l’annonce de ce premier budget participatif ?
Le budget participatif citoyen a parfois été vécu comme quelque chose de subi, du fait qu’il s’agisse d’une commande politique et non technique. Certains techniciens avaient ainsi des appréhensions quant à la surcharge de travail que l’exercice allait leur procurer.
Avant tout, il y a donc un vrai travail de communication et de levée de préjugés. Il est nécessaire d’expliquer aux services que dans le pilotage du dispositif, nous sommes là pour les accompagner et les aider.
Comment s’est déroulée la phase d’analyse de votre premier budget participatif ?
La première étape a été de réaliser un premier filtre, via une commission composée de techniciens et de membres du comité citoyen. Sur les 59 projets déposés, 33 sont passés à l’étape d’analyse. Tous les autres ne respectaient pas les critères de base qui étaient : d’être des projets d’investissement ou d’être des projets d'intérêt général.
Ensuite, ce sont les chefs de services qui se sont chargés de l’analyse et de l’estimation budgétaire.
En complément de l’analyse des services, des allers-retours ont été faits avec les habitants pour préciser certains éléments de leur proposition et permettre aux techniciens de vérifier la faisabilité du projet.
De plus, nous avons consulté des entreprises sur certains projets, simplement pour demander quelques devis et préciser les estimations. Certains porteurs de projets ont eux-mêmes fait la démarche de solliciter des entreprises pour pouvoir fournir au moment du dépôt des projets une estimation financière et nous aiguiller directement sur la plateforme de budget participatif.
Sur les 33 projets, certains ont été jugés irrecevables, principalement pour des questions de coût, ce qui nous a permis d’en retenir 21 pour l’étape de vote.
Avez-vous eu des mauvaises surprises sur le budget estimé pendant la réalisation ?
Nous sommes encore dans l’année une de réalisation des projets de l’année dernière donc c’est encore trop tôt pour le dire.
Je tiens tout de même un tableau qui permet de rendre compte de la finesse des estimations qui ont été faites ainsi que des plus-values ou moins-values sur chaque projet. Mais, pour le moment, nous n’avons pas de mauvaises surprises.
Comment cette première édition a-t-elle été perçue ?
Certains agents se sont étonnés du peu de participation (NDLR : 59 projets ont été déposés, pour 2 452 votes et 254 participants). Mais je pense que lorsque ce sont les premières années, il ne faut pas s’attendre à une participation très élevée. C’est plus un pari sur l’avenir, quelque chose qui se construit sur le temps long. Si le but est de réconcilier la population avec la vie démocratique, même s'il n’y a que 2% de participation, il faut tout de même s’en satisfaire.
Que retenez-vous du budget participatif ?
Le budget participatif en ligne peut être un outil puissant qui permet de redonner de la confiance aux citoyens mais peut aussi être simplement un outil de communication. Tout dépend de la volonté de la collectivité.
Nous avons choisi d’en faire un véritable outil démocratique et nous constatons que ça fonctionne.
À titre d’exemple, à Saint-Rémy-de-Provence la première année, nous avions plus de 500 citoyens ayant participé, pour la seconde édition nous sommes passés à un peu plus de 1 000 ce qui représente 10% de la population.
Nous avons fait le choix d’une montée en puissance du dispositif et nous nous attendons à une démarche d’envergure pour les futures éditions de notre budget participatif.
Un conseil pour lancer sa deuxième édition de budget participatif ?
Il faut essayer de réaliser le plus vite possible les projets les plus simples et communiquer de façon à ce que ceux qui étaient sceptiques au départ se disent finalement “Ah oui, en fait, ce n’était pas du flan, les projets se réalisent et rapidement en plus !”.
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