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Rennes, 6 éditions de budgets participatifs au compteur


Baniere de la plateforme en ligne du budget participatif de la ville de rennes

En 8 ans, et pour de nombreuses collectivités, le budget participatif a dépassé le stade de nouveauté. 50 de nos collectivités partenaires en ont ainsi lancé une deuxième, une troisième voire une sixième édition.


Pourquoi renouveler l’expérience du budget participatif ? Quels changements et quels résultats sur les éditions suivantes ? Et comment maintenir l’intérêt des citoyens ?


Pour cela, nous avons interrogé Stéphane LENFANT, directeur du service Participation citoyenne de la Ville de Rennes, qui terminé sa 6 édition.


Pourquoi avoir lancé votre premier budget participatif ?

Stéphane LENFANT : "Notre premier budget participatif remonte à 2015, ça va bientôt faire 8 ans. Dès la première édition, on a constaté un réel engouement. Encore aujourd’hui, on voit bien que l’exercice continue à plaire. Mais nous constatons un surcroît de défiance démocratique par rapport aux institutions, qui est encore beaucoup plus fort aujourd’hui qu’il y a quelques années. Le budget participatif est pour moi un outil de réparation de cette crise de confiance démocratique. Il faut qu’on puisse le poursuivre mais j’ai le sentiment qu’il y a besoin de régénérer complètement la définition de cet outil et le champ pour lequel il est applicable."


Vous avez la particularité d’avoir mené plusieurs éditions de budgets participatifs. Avez-vous apporté des évolutions au dispositif d’édition en édition ? Si oui, quels enseignements en retirez-vous ?


Stéphane LENFANT : "Nous avons expérimenté de nouvelles choses lors de cette 6e édition, avec un bilan contrasté. Tout d’abord, nous avons relâché le calendrier, avec l’objectif d’appliquer un modèle de budget participatif à la finlandaise, qui repose sur des échéances longues. L’idée sous-jacente est de laisser du temps aux habitants pour bien construire les projets, pour qu’ils puissent être plus faciles à analyser par les services et plus faciles à mettre en œuvre après le vote. Sauf que le succès du budget participatif de nos anciennes formules était lié au fait que nous mettions positivement la ville en tension. Cette année, nous avons fait un dépôt des projets en octobre 2022, avec un vote en mai/juin 2023, c’est beaucoup trop loin.


Nous avions également décidé de mettre en place un espace de dépôt d'idées et un espace de dépôt de projet car tout le monde n’est pas forcément dans la capacité de construire d’emblée un projet analysable par les services. Les projets allaient automatiquement en phase d’analyse, mais les idées, elles, devaient être re-transformées en projets ou être greffées sur des projets et là, on a perdu du monde... Je pense qu’il a manqué une étape de reformulation et d’accompagnement de ces idées-là.

Cela explique que, sur cette édition, au lieu d’avoir 200 projets au vote, on n’en ait eu qu’une centaine. À partir du moment où vous n’avez plus que 100 projets au lieu de 200, il y a une dynamique de campagne qui est affaiblie.


Autre facteur, au principe inattaquable mais qui a eu des effets de bord : nous avons introduit à Rennes un principe d’enveloppe par quartier, par souci d’équité entre les territoires. Pour coller aux conseils de quartier, nous avons fait un découpage de la ville en 14 quartiers. Résultat : pour certains quartiers, il n’y avait qu’un seul projet éligible. Nous avons aussi eu deux quartiers dans lesquels les habitants ont compris qu’ils n’avaient pas besoin de faire campagne parce que le coût de réalisation des deux premiers projets était inférieur à l’enveloppe dévolue à chaque quartier. Ces deux quartiers, cela représente à peu près 26 000 habitants, soit 1 habitant sur 10, dans lequel il n’y a quasiment pas eu de campagne des porteurs de projet pour leur projet. Sans le vouloir, nous avons affaibli le dynamisme de la campagne des votes.


Au final, nous avons fait le pari de modifier pas mal de choses sur cette 6e édition, peut-être trop ! Comme tous les ans, nous lancerons prochainement une évaluation grand public qui viendra alimenter nos propres analyses et réflexions. Il y a certains points qu’il faudra sans doute retravailler."


Pour contrer une certaine forme d'essoufflement, certaines collectivités espacent les éditions de leur budget participatif. Qu’en pensez-vous ?


Stéphane LENFANT : "Quand une collectivité locale met en place un budget participatif annuel, elle offre avantageusement un rendez-vous aux habitants pour proposer des projets régulièrement. C'est même un argument utilisé par certains services dans le cadre du dialogue avec les habitants pour temporiser et rendre possible le financement de projet attendus par les habitants. Il est plus facile de dire " votre projet n'est pas programmé actuellement mais n'hésitez pas à le déposer dans quelques mois au budget participatif…" Le budget participatif citoyen est un élément intéressant pour établir des priorités dans les investissements. En passant à un budget participatif biennal ou triennal, les collectivités ne peuvent plus utiliser cet argument.


A l'inverse, il est vrai que l'annualité peut peser sur le plan de charges des services techniques, si les projets s'accumulent et ne sont pas réalisés rapidement après le vote. Mais il faut rappeler que vu les montants en jeu, le budget participatif en ligne ne représente qu'une petite partie du budget d'investissement des collectivités."


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