A l’approche de la deuxième édition de Mulhouse c’est Vous, nous nous sommes entretenus avec Cécile Sornin, adjointe au maire, en charge de la démocratie participative, de la vie associative et de l’économie sociale et solidaire. Mulhouse (Haut-Rhin) est la 4e agglomération de la région Grand Est en nombre d’habitants. De culture profondément industrielle, Mulhouse possède le plus grand musée ferroviaire d’Europe et le plus grand musée de l’automobile du monde.
Bonjour Cécile, samedi 7 octobre la ville de Mulhouse lance le deuxième acte de Mulhouse c’est Vous. Pouvez-vous nous détailler les festivités ?
Pour comprendre le 2ème acte, il faut que je vous dise un mot du 1er acte. Le maire, Jean Rottner, a placé ce mandat sous le signe de la démocratie participative en ligne, et dès octobre 2014, on a organisé avec Libération le forum MCV : 2 jours de conférences, débats, ateliers… Plus de 5 000 personnes (il y a 111 000 habitants à Mulhouse). Pour le 2ème acte, 3 ans plus tard, l’idée était de sortir du « dire » pour être davantage dans le « faire » avec des propositions concrètes, émanant de collectifs citoyens, d’associations ou de l’Agence de la Participation citoyenne, des offres concrètes de participation. On trouve donc des ateliers cuisine, des balades urbaines, du théâtre, de la musique, des diagnostics en marchant.. Au total, plus de 70 propositions, gratuites, pour tous, partout dans la Ville, avec un point de convergence à 18h, l’inauguration festive et participative des nouveaux locaux de l’Agence de la Participation Citoyenne.
« Nous avons depuis un an une personne spécialisée qui consacre le plus clair de son temps à la plateforme. »
Capco a une relation particulière avec Mulhouse puisque techniquement vous êtes notre premier client historique : lors de la fondation de la start-up en 2014, Jean Rottner nous avait vivement encouragé à nous lancer car il voulait s’équiper d’une plateforme de participation citoyenne telle que Parlement & Citoyens. Quel est son état d’esprit et le vôtre après trois ans d’expérimentations ?
Nous sommes toujours convaincus de la nécessité d’avoir une plateforme et nous avons appris à travailler avec celle de Capco. Mais nous avons découvert aussi la difficulté à l’animer en continu et à répondre au quotidien aux attentes des habitants, des services de la collectivité, et des élus. Ces difficultés réelles ne sont pas des freins mais nous encouragent, jour après jour, à expérimenter de nouvelles façons de faire de la démocratie citoyenne, à communiquer de nouvelles informations, toujours dans un souci de transparence. Nous avons depuis un an une personne spécialisée qui consacre le plus clair de son temps à la plateforme mulhousecestvous.fr. C’est dire notre conviction d’avoir aux côtés d’une participation « réelle » une offre « virtuelle ». Dans notre objectif de permettre au plus grand nombre de participer, nous avons des conseils participatifs géographiques, et la plateforme représente aussi notre Conseil participatif, ouvert 24h/24 !
L’engouement actuel pour la “civic tech” ne nous fait pas oublier, chez Capco, que parmi les enjeux et défis majeurs de la démocratie numérique, sinon le plus important, est l’impact apporté par la technologie à la participation citoyenne. Votre recul sur le sujet vous permet-il de dresser un constat lucide sur cette question d’impact ?
Vaste sujet. Nous travaillons beaucoup pour que cet impact existe et soit positif. En clair depuis le début nous avons eu des jeunes qui sont allés au-devant des habitants pour expliquer le fonctionnement et l’intérêt de la plateforme. Nous venons de recruter une équipe en service civique qui vont tester de nouvelles formes de mobilisation, au plus près du terrain. Ils seront les ambassadeurs de l’Agence, sur le terrain pour tester des réunions et des concertations dans les cages d’escalier, les supermarchés, le marché… mais ils suivront aussi le programme D-Codeurs de la Ligue de l’enseignement pour favoriser le numérique dans les quartiers. Mulhouse est une ville jeune, avec 43% du territoire classé Politique de la Ville. On doit en tenir compte si on veut être une ville inclusive. Je pourrais aussi dire un mot sur notre budget participatif où son existence sur la plateforme aujourd’hui, clairement, ne suffit pas à le faire vivre ; nous articulons sans cesse le réel au virtuel. C’est à cette condition que nous pouvons garantir un impact, un impact positif.
« Nous semons pour l’avenir. »
Vous avez lancé ce budget participatif au milieu de l’été à travers votre plateforme Capco, et la participation est relativement… peu élevée. Avez-vous identifié des freins ou des obstacles qui vous auraient empêché de réaliser un “BP” tel que ceux de Rennes (6 000 puis 11 000 participants) ou même Orléans ?
Clairement nous n’avons pas le même budget communication que Rennes, ni la même sociologie, ni la même aire de jeux ; et je ne sais même pas si cette quantification est pertinente… Quoi qu’il en soit, à Mulhouse, à ce jour, nous avons recueilli plus de 300 idées, mais le passage à l’acte virtuel a besoin d’être accompagné, pour ne pas dire souvent d’être formalisé avec le porteur de projet. Pour illustrer le propos, nous avons des concitoyens qui n’ont pas d’adresse email… ! C’est une des données terrain qu’il ne faut absolument pas négliger. Nous considérons que nous avons besoin de faire preuve de pédagogie et de patience, que nous semons pour l’avenir et qu’il faut, de notre côté, jour après jour, apprendre à ouvrir et à faire vivre les espaces de confiance et de participation, et ceux-là doivent être tout autant virtuels que réels !
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